Le livre comme nouvel enjeu de la bataille des moteurs de recherche ?
Après avoir annoncé une suspension de son programme Google Library (voir quelques statistiques intéressantes sur le projet ici, notamment le nombre d'ouvrages concernés et la part - 80% - des ouvrages encore sous copyright dans les 5 bibliothèques partenaires), Google a repris la numérisation des ouvrages choisis par les bibliothèques, mais en privilégiant d'abord les livres tombés dans le domaine public.
Entre-temps, les représentants des auteurs (l'Authors Guild) et des éditeurs américains (l'AAP) ont porté plainte contre Google aux Etats-Unis. Tous les auteurs ne sont certes pas sur la même longueur d'onde mais les déboires semblent s'accumuler sur le projet. Google persiste et signe et a défendu à plusieurs reprises son projet sur son weblog.
Yahoo et MSN, de leur côté, ont lancé des projets similaires, tout en prenant soin d'éviter les polémiques. Yahoo, le projet Internet Archive, des universités nord-américaines mais aussi les archives de Grande Bretagne ont lancé l'Open Content Alliance. L'OCA proposera sur son site - et sur celui de Yahoo - du contenu, texte et multimédia, dans le respect des droits d'auteurs avec la volonté de le rendre le plus "ouvert" possible. Le weblog Confessions of a Mad Librarian et Information Today détaillent l'annonce. Ce projet n'est de toute façon pas fermé à Google qui concède en discuter avec le fondateur de l'Internet Archive, Brewster Kahle.
Microsoft a ensuite annoncé, en parallèle, qu'il rejoignait l'OCA (en payant pour la numérisation de 150 000 livres la première année) et qu'il allait lancer son propre service, MSN Book Search, courant 2006. Microsoft compte, lui aussi, travailler avec les éditeurs pour y intégrer leurs ouvrages. Pour cela, il lui faudra trouver le bon business model pour ce nouveau projet : paiement à la page, abonnement, vente de versions électroniques, publicité, etc. Information Today résume bien les différentes options. Enfin, dernier rebondissement, en début de semaine Microsoft annonce qu'il a conclu un accord avec la British Library pour la numérisation de près de 100 000 ouvrages, pour le moment uniquement du domaine public.
Jean-Noël Jeanneney a critiqué ce choix de faire cavalier seul. On rappelera que lorsqu'il s'est agi de trouver une alternative à Google, quelques journaux français (dont Le Monde) ont mentionné que l'idée de faire appel à Microsoft avait effleuré certains conseillers haut-placés.
Aujourd'hui, on assiste aux prémices d'une course à l'aggrégation de contenu (livres mais aussi vidéo par exemple) chez tous les moteurs de recherche. Si Brewster Kahle a influencé aux Etats-Unis ces projets de numérisation à grande échelle (plus que les bibliothèques elles-mêmes ou les éditeurs finalement), ce sont les moteurs de recherche qui vont chercher à en inventer une utilisation commerciale. Les éditeurs ne devraient pas être absents de cette réflexion-là.
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